Un DCP (dispositif de concentration de poisson) est un objet naturel ou artificiel trouvé ou mis à l'eau par un pêcheur et sous lequel les poissons ont tendance à se regrouper, ce qui rend ainsi leur pêche plus facile. Les DCP peuvent être dérivants ou ancrés. Ils sont particulièrement utilisés dans de nombreuses pêcheries thonières (toutes les pêcheries à la senne dans le monde bien sur, nombreuses pêcheries à la canne et nombreuses pêcheries artisanales côtières) et cela depuis de nombreuses années (la pêche sur DCP était déjà pratiquée par les romains au début de notre ère comme le rapporte un poète romain du 2e siècle qui indique également que les pêcheurs en confectionnaient déjà à cette époque). Dans le cas des DCP dérivants, on parle aussi d'objets flottants dérivants.
[p=paragavantliste]On distingue plusieurs types de DCP :
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des objets naturels à la dérive,
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[cellcm][img=pages/tools/notes/dcp/dcp1.jpg width=80%] souches, branchages, ...
[cellcm][img=pages/tools/notes/dcp/dcp2.jpg width=80%] tas de paille
[cellcm][img=pages/tools/notes/dcp/dcp3.jpg width=80%] cadavres d'animaux
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des radeaux ou ensembles de bouées construits par les pêcheurs et mis à l'eau (voir ancrés) pour faciliter la pêche
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[cellcm][img=pages/tools/notes/dcp/dcp7.jpg width=80%] radeaux (modèle européen)
[cellcm][img=pages/tools/notes/dcp/dcp8.jpg width=80%] radeaux de bambous
[cellcm][img=pages/tools/notes/dcp/dcp9.jpg width=80%] lignes de flotteurs ancrées
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Un DCP dérivant (les seuls utilisés par la flottille française) ne concentre pas systématiquement ni immédiatement le poisson. Par conséquent, pour être utile au pêcheur, le DCP doit pouvoir être retrouvé facilement. Pour se faire, les pêcheurs attachent à leurs DCP ou aux DCP qu'ils trouvent, une balise permettant sa localisation. On peut appeler ces DCP des DCPT (dispositif de concentration de poisson tracé) et considérer que leur mise à l'eau et leur distribution répond à un objectif du pêcheur d'amélioration de son efficacité. Ce n'est pas un engin de pêche mais un outil contribuant à l'efficacité du navire.
Avantages et inconvénients de la pêche sous DCP pour les thoniers senneurs
Parce que le DCP tend à concentrer les thons et parce qu'il est facilement localisable, il est plus facile de pêcher sous DCP. Le banc libre, à l'inverse, est souvent plus difficile à repérer de loin (détection des bancs) comme de près (encerclement du banc) et par conséquent, alors qu'un coup de senne sous DCP est presque toujours couronné de succès, à peu près une fois sur deux le coup de senne sur banc libre est infructueux car, au moment où la senne est refermée, le poisson s'est échappé (on parle de « coup nul »). Avec l'instrumentalisation des DCP (balises GPS puis munis d'écho-sondeurs communiquant au bord la présence/absence de poisson), le DCP gagne encore en efficacité.
Toutefois, on constate que les thons qui se concentrent sous les DCP sont le plus souvent des petits thons (listao, thons mineurs et juvéniles d'albacore et de patudo). A l'inverse, les gros individus forment le plus souvent des bancs libres monospécifiques. Le choix de pêcher sous DCP dépend donc de l'espèce recherchée. Les senneurs français ciblant à la fois les albacores et le listaos, un équilibre est donc recherché entre les deux modes de pêche.
Enfin, les captures accessoires et les captures accidentelles sous objet ou sur banc libre ne concernent ni les mêmes espèces, ni les mêmes quantités (même si celles-ci restent peu importantes).
On peut résumer les caractéristiques des deux modes de pêche par le tableau suivant :
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Paramètre
Sur banc libre
Sous DCP
Détection
recherche des indices en surface
localisation facilitée par la balise
Probabilité de pêcher chaque jour
entre 50 et 70%
proche de 100% (d'autant plus que le navire dispose de DCP)
Probabilité de succés du coup de senne
proche de 50%
proche de 100%
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Consommation de gasoil / empreinte carbone
//
plus importante du fait de la recherche
//
moins importante
//
Espèce ciblée
albacore et patudo, parfois le gros listao
listao, bancs mixtes
Taille des thons
poissons adultes (>10 kg pour l'albacore et le patudo, >1,8kg pour le listao)
listaos de toute taille, albacores et patudos juvéniles
Captures accessoires
très faibles (1 à 3%)
moins faibles (3 à 7%), principalement de petits thons
Captures accidentelles
rares
très faibles (requins)
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Le développement de la pêche sous DCP
Les DCP naturels et de type déchets ont toujours existé, principalement au large des grands estuaires. En revanche, le développement de l'utilisation de DCP artificiels date des années 90. Toutefois, dès la fin des années 90, la flottille française a cherché à contrôler ce développement. En novembre 1997, les flottilles française et espagnole ont volontairement mis en place en Atlantique un moratoire de 3 mois de la pêche sous DCP (avec observateurs embarqués), repris plusieurs années de suite par l'ICCAT. Dans l'Océan Indien, une démarche du même type a été décidée en 2010. Enfin, les armements français ont toujours cherché à éviter un report massif de l'activité des navires sur la pêche sous DCP en incitant les équipages à rechercher le gros poisson (par exemple en basant le salaire des marins sur le chiffre d'affaires de la marée plutôt que sur le tonnage pêché et en excluant du salaire le poisson de moins de 1,5kg) et en limitant le nombre de balises fournies à chaque navire. Depuis janvier 2012, le nombre de balises actives de chaque navire est désormais limité ainsi que le nombre de balise achetées chaque année par les armements (en remplacement des balises perdues ou volées).
Les démarches d'Orthongel pour réduire les effets négatifs des DCP
Outre la limitation du nombre de balises fournies à chaque navire précédemment mentionnée, Orthongel a également mis en oeuvre en 2010 un programme de remplacement des DCP dits classiques par des DCP non maillants qui n'entraînent donc pas de mortalité supplémentaire pour les tortues et les requins (voir la page de notre site sur ce programme) et depuis 2015, plusieurs expérimentations de DCP biodégradables ont été menées (CAT « Sélectivité » et programme « BIOFAD »).
Depuis 2010, Orthongel ne cesse de multiplier les démarches pour mieux encadrer l'utilisation des DCP, persuadé que seule une utilisation raisonnée de DCP écologiques peut être durable. Ces démarches ont commencé avec la mise en place du programme « DCP éco » et la fourniture de données sur les DCP aux scientifiques. Elles se sont prolongées par le lobbying auprès de la DPMA et de la DG MARE et la promotion de mesures d'encadrement des DCP au sein des ORGP.
Time-line des actions pour limiter le nombre de DCPInfographie sur la propagation des initiatives d'Orthongel[img=pages/tools/notes/dcp/promotion.png width=95%]
[p=note]Note réalisée avec la collaboration de l'IRD.
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